2021
Enfin...
...l'année du retour à la vie d'avant !
L’autre jour, un ami vraiment très cher, (encore) plus jeune que
moi, me disait que tout compte fait, dans le contexte, il avait
fait son temps, et qu’il était prêt à passer l’arme à gauche si
telle devait être la conséquence d’un « retour à la normale ».
Ces mots m’avaient laissé pantois (en un seul mot).
De façon plus pétaradante, Bedos, Damiens (son « Il est
urgent d’être imprudent » n’avait rien à envier au slogan
délirant du précédent) ou encore Vincent Lindon ont entonné
le même genre de refrain, amplifié par l’écho que confère la
notoriété. Qu’il est éprouvant d’entendre des gens qu’on aime
bien proférer des propos aussi inconsidérés. Lointaine
réplique des inepties de Comte-Sponville, brillant esprit
devenu philosophe de variétés, appelant en début de
pandémie au sacrifice de la génération des aînés (en s’y
incluant de façon militante pour crédibiliser à peu de frais son
propos).
« Prendre des risques pour que nos enfants vivent sans
masques ». Avec quelle légèreté les mots parfois peuvent
faire oublier la lourdeur de leur sens. L’étudiant néo-
louvaniste qui, cette semaine, avouait ne pas trop limiter la
guindaille, mais de ce fait, ne plus rentrer le week-end chez
ses parents, en remontre en maturité à ces adolescents
attardés célèbres.
Depuis le début de cette histoire, je me dis que se penser
responsable de la contamination d’autrui doit être bien lourd à
porter. Et au sein d’une même famille, tu imagines le fardeau.
Pour parler de sa propre mort, il faut aussi de la
prudence, c’est un sujet casse-gueule. Quant à la mort en
général, même le départ d’un proche n’autorise pas à
s’imaginer la connaître ou à la provoquer avec une telle
légèreté.
A ces slogans bravaches, je préfère du plus humble, pourquoi
pas tout simplement « Sortons-en intacts et vivants ». Et la
fête sera telle qu’elle peut attendre encore un peu.
https://www.youtube.com/watch?v=pQ2KPbEMS4E