lundi 20 août 2012

Le dernier rivage




Chers Ami-amie-ami-amie,

Aujourd’hui, nous allons parler d’un sujet grave.

Comment aborder la fin du monde dans le cadre des élections communales ? Je veux dire : comment faire en sorte que, à l’image du frétillement très passager de chaque brin d’herbe du Heysel  quand les diables marquent (et c’est un instant rare que ces végétaux apprécient à sa juste valeur), un micro-territoire se sente concerné par la survie du macro ?

C’est un fameux problème : à part Doel et Fleurus, peu de communes se sentent vraiment menacées dans leur survie.

A l’image de chacun de nous, en fait : comment croire que nous pouvons demain périr tous collectivement, alors qu’à l’instant même, nous dégustons une  « Bons vœux » de la Brasserie Dupont, qui est la meilleure bière du monde,voyons passer une jeune fille peu habillée pour cause de canicule ou nous payons un sacré fou rire après avoir lu qu’Elio venait en 8 mois  d’apprendre 2500 mots en néerlandais, alors que nous-même ignorions en connaître autant en français ?

Croyez-moi : il est déjà très difficile pour l’homme de s’inscrire dans un projet collectif, alors, dans un désastre collectif, je ne vous dis pas. Quelqu’un s’est-il demandé une seule fois pourquoi le bunker d’Hitler était si petit ? Par mesquinerie ?

Non. Le clairvoyant tyran savait très bien qu’il est vain de vouloir entraîner trop d’humains à leur perte en même temps, il y a toujours une tapée de crabes qui espèrent se sauver, raison pour laquelle il n’avait gardé une place que pour son pote Goebbels,  qui lui avait familialement le profil, et avait laissé les autres dehors. Se faire bombarder par les russes.

Hé bien a contrario, il est tout aussi vain de convaincre la fourmi que si le nid est ébouillanté, elle aussi, et que si toutes les fourmis du monde s’y mettaient, le nid pourrait être sauvé. Pour en être convaincue, la fourmi, qui dans le genre est peut-être économe, mais drôlement individualiste, et têtue, doit prendre une giclée d’eau bouillante sur la tronche, elle-même, pas sa voisine, sinon, elle n’y croit pas.

C’est évident, si nous voulons percer de façon significative aux communales, il faut que des communes aient peur : peur pour leur survie.

Référons-nous dès lors à l’histoire : la dernière fois que des communes ont craint de disparaître, c’est par la grâce de Joseph Michel, les fusions de communes. En 77. Et en plus, ces communes qui avaient peur ont réellement disparu, ce qui constitue un précédent  vachement plus dissuasif que la chaise électrique.

Quel est donc le conseil du Professeur Ponchau ?

Que l’un d’entre nous se sacrifie. Il déclare par exemple qu’il n’est plus en phase avec la philosophie du parti alors qu’en fait il en a marre de payer ses rétrocessions, il s’en va vite fonder un groupuscule qui tient ses congrès dans une cabine téléphonique et pond un programme en deux temps trois mouvements. Dedans, un projet-clef : seules les communes de plus de 100.000 habitants subsisteront!

On demande alors à Georges d’intervenir à la tribune ou dans une gazette pour proclamer avec indignation que c’est scandaleux,  et le tour est joué. Envoyez dans les communes concernées des délégués Greenpeace, et vous allez voir le nombre d’affiliations.

Vous savez, la politique, c’est souvent plus simple que ce qu’on croit…

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