dimanche 12 octobre 2008

Champ de ruines...



"Professeur Ponchau, votre blog est un champ de ruines!".

Avec son implacable lucidité coutumière, José Daras m'a ainsi interpellé, lors des rencontres écologiques d'été, à propos du vide intersidéral que représente ce blog depuis plusieurs mois. Non sans ajouter, avec son implacable honnêteté coutumière, que le sien ne valait guère mieux.

Mais quoi, quand un grand homme leur dit un truc pareil, les minus s'interrogent.

Un champ de ruines... Est-ce à dire que vous ne savez pas tenir sur la longueur, professeur ? Est-ce à dire que, votre inspiration tarie, vous comptez vous réfugier derrière cette valeur-refuge, le temps, comme excuse suprême (comme vous le fîtes déjà en avril) ? Est-ce à dire que vous comptez invoquer l'encombrement de la toile et la multiplication des blogs en tous genres pour justifier votre retrait du devant de la scène multimédiesque ?

Est-ce à dire enfin que vous fuyez vos responsabilités, alors même que la foule, rongée d'angoisse, vous attend ?

Certes non. D'autant qu'avec 2009, c'est une échéance électorale qui s'annonce, et qu'il y aura donc matière à s'amuser.

Alors, en guise de hors d'oeuvre, voici un petit texte, l'éditorial de ce mois-ci de la gazette de la régionale du Brabant wallon d'Ecolo (écrit début octobre, avant que les chiffres ne prennent des allures encore plus pharaoniques). Le genre de prose un peu niaise, adolescente, idéaliste à peu de frais à laquelle il est si bon de se laisser aller à l'occasion. Parce que ce serait d'un triste, faire de la politique, sans ces envolées lyriques qui justifient, on aime à l'espérer, tout ce fatras de négociations, d'accords, de stratégies, sans cette indignation aux relents nostalgiques de quand on se pamait devant "Hasta la victoria siempre".

Editorial : Il y a urgence...

Dimanche 28 septembre : 4 milliards pour Fortis.
Lundi 29 septembre : 3 milliards pour Dexia.
Lundi 6 octobre : 4,7 milliards supplémentaires pour Fortis.

Quand on le veut vraiment, du fric, on en trouve.
Oui, mais y avait urgence.
Le niveau de CO2 qui a augmenté davantage ces dernières années que ce que prévoyait le pire des scénarios du GIEC.
30% des abeilles qui disparaissent sans laisser d'adresse.
C’est pas urgent, ça ?
Oui mais dans le cas des banques, c'est toute l'économie du pays qui était en jeu.
Si les abeilles disparaissent, l'impact économique va être terrifiant. Il est déjà important aux Etats-Unis…
Oui mais dans le cas des banques, par effet « dominos », c'est toute l'économie mondiale qui risquait d'être affectée.
Avec les mutations climatiques, c'est le sort de la planète qui est en jeu.
Oui mais le sort de la planète dans le futur. Avec les banques, si on n'intervenait pas, c'était la cata le lendemain.
L'inaction d'aujourd’hui rend les conséquences de demain inéluctables. Elle est là, l'urgence climatique.
Donc, vous auriez voulu que l'Etat laisse Fortis et Dexia aller à la faillite ?
Je n'ai pas dit ça. Tout le monde est d'accord sur le caractère indispensable de cette intervention. Ce que je dis, c'est qu'il y a d'autres choses qui sont tout aussi indispensables, et que pour celles-là, on ne trouve pas de pognon.
Hé, pour financer l'opération, l'Etat va devoir lancer un emprunt.
Et pourquoi pour d'autres urgences aussi urgentes si pas plus, on peut pas en lancer, d'emprunts ? Et pour les 850 millions de gens qui crèvent de faim sur la planète, on pouvait pas les trouver, les 700 milliards de dollars de Paulson ? Ou une petite partie ?
Ca y est, on donne dans le sentimentalisme. L'économie, c'est plus sérieux que ça. Et ça fait vivre les gens aussi.
N'empêche, ce que j'en dis, c'est que trouver de l'argent, quand c'est pour défendre de l'autre argent, ça a l'air assez facile.
Subversif !
J'espère bien.
Ecologiste !
Merci.

Bruno Ponchau (qui dédie, en toute simplicité, ces quelques phrases à Théo Hachez)

Dans la même veine, en beaucoup mieux, deux articles à lire:

http://afp.google.com/article/ALeqM5gIIkGzZStspspNwCQCO-kY4hJJrQ

http://www.france24.com/fr/20081014-jean-ziegler-enfant-meurt-faim-aujourdhui-est-assassine