lundi 28 octobre 2019

Le Professeur Ponchau touche le fond


C'est dingue. 

A chaque passage de dizaine, il m'arrive une connerie. Un truc inracontable qui me laisse honteux pour les neuf ans qui suivent.

Ainsi, le jour de mes 10 ans, je jouais avec de l'essence, je me suis cramé la joue et ai raconté à mes parents que j'avais voulu voir si le fer à repasser était chaud. Je me demande toujours depuis si passer pour un con vaut mieux que de se prendre une solide engueulade.

A 20 ans, je découvrais les plaisirs de la bière (enfin, disons que je les découvrais chaque jour un peu plus), j'étais chez les parents d'une amie et j'ai vomi sur un splendide miroir en courant vers les toilettes.

A 30 ans,  j'ai éraflé tout le côté droit de la voiture de mes parents en la rentrant dans leur garage et j'ai camouflé ça avec du latex sans me rendre compte que de toute façon, le mur était niqué.

A 40 ans, j'ai marché dans un étron avant d'entrer dans le salon de la femme que j'aimais à l'époque, laquelle était plutôt portée sur le Dettol et le savon noir.

A 50 ans, quelqu'un m'a offert le dernier Astérix. Et je l'ai lu.

Et à 60... à 60, voilà ma souris qui déconne et accouche du résultat ci-dessus. J'ai essayé de me faire passer pour Eddie Chapman, mais nul ne me croit et je devrai porter cette honte pour une décennie.

Plus que 4 ou 5 fois ce genre de déboire. Avec un peu de chance...

   

mercredi 16 octobre 2019

Bruckner à vif





"Matin Première" n'est pas toujours tendre avec nos oreilles !


Passer comme ça, entre deux tasses de café, de l'intelligence sensible de Bernard De Vos à la pseudo-philosophie dégoulinamment prétentieuse de Bruckner, ça te racrapote les pavillons façon finlandaise. 

Piètre commercial, le Pascal. Il vient faire la PROM d'un bouquin sous-intitulé "Philosophie de la longévité" (donc, pour parler normal, ça cause du vieillissement et de ses mille et une vertus), et le voilà qui se laisse aller à radoter sur son idée-fixe du moment, son obsession abêtissante, son poil à Greta. 

Mais bon, ne caricaturons pas, entre deux écoulements de bave verbale, il tient quand même quelque propos digne d'attention. 
 
"L'écologie est profondément divisée entre plusieurs variantes: il l'y a des écologies catastrophistes, des écologies totalitaires, des écologies positives et intelligentes. Moi je choisis plutôt une écologie scientifique, rationnelle, qui nous explique ce qui est bon et ce qui n'est pas bon."

Un propos "digne d'attention" ne veut pas dire qu'il est pertinent, et encore moins qu'on le partage. Dans le cas présent, c'est son caractère particulièrement pernicieux qui le rend intéressant. Tout en raccourcis et en sous-entendus simplistes, grand philosophe, opposant "science" et "catastrophe", alors que jamais le discours de l'une n'a été aussi  imprégné de l'autre.

Et puis, ce bout de phrase : "qui nous explique ce qui est bon et ce qui n'est pas bon". Même dans les..."Martine"... on n'oserait pas.

Sans doute la communication orale n'a-t-elle pas permis de percevoir toute la subtilité de cette pensée. Mais de grâce, pas la peine de bousiller à nouveau du papier pour nous l'expliquer. 

 

 
 



 

 

mardi 1 octobre 2019

L'empreinte de Greta Garbone






L'ennui, avec les icônes, c'est que si ce n'est pas un journaleux fouille-poubelle qui met à jour l'un ou l'autre de leurs travers, un ami renié qui se fend d'une biographie au vitriol ou un(e) ex arrondissant sa maigre part d'héritage via une interview sulfureuse, l'histoire s'en chargera. 

La notion de sainteté est incompatible avec celle d'humanité, mais la multitude n'en a cure et ne consent à faire rimer admiration qu'avec perfection. "The harder they fall"...

Mon poster du Che n'a pas résisté aux récits de la répression sanglante qui suivit la victoire de Castro, l'abbé Pierre à son malencontreux pote Garaudy et Gandhi, même lui, aurait sans doute mieux fait de ne pas s'entourer la nuit de charmantes nénettes pour chatouiller son voeu d' abstinence s'il voulait éviter le persiflage. Quant à JFK, sa légende s'est évaporée depuis belle lurette, principalement, ce qui le rapproche mutatis mutandis de notre héroïne du jour, pour des questions de banane.

Peut-être la tolérance est-elle indissociable d'un narcissisme salutaire, ou pour le dire autrement, sans doute faut-il aimer un peu nos poutres pour accepter les pailles de nos idoles (de grosses pailles parfois, convenons-en).

Peut-être aussi cette propension collective à se créer des héros, des modèles, des stars médiatiques est-elle à interroger.  Notamment en termes d'efficience, pour ceux que l'on estime positifs.

Greta, celle d'aujourd'hui, est d'un apport inestimable en termes de mobilisation. Et pas seulement chez les jeunes.  Elle dépeint la réalité sans fard, elle parle de catastrophe parce qu'il n'y a pas d'autre mot, et tant pis pour tous ceux qui croient que seul l'optimisme peut être moteur, même au prix du travestissement. Elle a acquis ce pouvoir vertigineux d'attirer d'un claquement de doigts micros et caméras et l'utilise plutôt bien. 

Elle a aussi un don précieux, que pas mal de journalistes ont déjà souligné, celui de faire sortir du bois toute une série de malfaisants. La liste est longue, mais perso, je décerne la palme à Sarko et cette phrase potentiellement cultissime : 
" 22 millions de gens qui consomment bien, ça fait plus de mal qu’un million de personnes qui consomment mal." Les 22 millions en question étant bien sûr africains...

Elle fait du bon boulot.

Mais là, ça tourne bizarre, je trouve. Le débat sur le personnage commence à occulter un peu la cause qu'il défend, ça en devient lassant, donc contreproductif. Et surtout, même les opinions favorables, par leur redondance, finissent par alimenter la thèse de ceux qui crient à la starification préfabriquée.

Pour surnager dans le naufrage, on va avoir besoin de collectif, pas d'icônes. Même avec des prénoms d'étoiles. 

Alors tu peux te goinfrer de choco à l'huile de palme au petit déj si ça te botte, Greta !