dimanche 4 octobre 2020

Sortons-en intacts et vivants

 

 

L’autre jour, un ami vraiment très cher, (encore) plus jeune que

moi, me disait que tout compte fait, dans le contexte, il avait

fait son temps, et qu’il était prêt à passer l’arme à gauche si 

telle devait être la conséquence d’un « retour à la normale ». 

Ces mots m’avaient laissé pantois (en un seul mot).

 

De façon plus pétaradante, Bedos, Damiens (son « Il est

urgent d’être imprudent » n’avait rien à envier au slogan

délirant du précédent) ou encore Vincent Lindon ont entonné

le même genre de refrain, amplifié par l’écho que confère la

notoriété. Qu’il est éprouvant d’entendre des gens qu’on aime

bien proférer des propos aussi inconsidérés. Lointaine

réplique des inepties de Comte-Sponville, brillant esprit

devenu philosophe de variétés, appelant en début de

pandémie au sacrifice de la génération des aînés (en s’y

incluant de façon militante pour crédibiliser à peu de frais son

propos).


« Prendre des risques pour que nos enfants vivent sans

masques ». Avec quelle légèreté les mots parfois peuvent

faire oublier la lourdeur de leur sens. L’étudiant néo-

louvaniste qui, cette semaine, avouait ne pas trop limiter la

guindaille, mais de ce fait, ne plus rentrer le week-end chez

ses parents, en remontre en maturité à ces adolescents

attardés célèbres.

 

Depuis le début de cette histoire, je me dis que se penser

responsable de la contamination d’autrui doit être bien lourd à

porter. Et au sein d’une même famille, tu imagines le fardeau.

 

Pour parler de sa propre mort, il faut aussi de la 

prudence, c’est un sujet casse-gueule. Quant à la mort en

général, même le départ d’un proche n’autorise pas à 

s’imaginer la connaître ou à la provoquer avec une telle

légèreté.

 

A ces slogans bravaches, je préfère du plus humble, pourquoi

pas tout simplement « Sortons-en intacts et vivants ». Et la

fête sera telle qu’elle peut attendre encore un peu.

 

https://www.youtube.com/watch?v=pQ2KPbEMS4E