vendredi 24 août 2012



Aujourd’hui : Francorchamps, ou le piège fatal de la mort qui tue

Cher Membre-Membre-Membre-Membre (je me rends compte soudain qu’avec le mot « membre », la tirette fonctionne moins bien),

Aujourd’hui, on va aller chipoter là où ça fait un peu mal.

Francorchamps ! Enfer. Francorchamps, Francorchamps. Francorchamps.

Imaginez Napoléon à Sainte-Hélène, sur son lit d’agonie, avec un acouphène sadique qui vient lui murmurer de façon lancinante « Grouchy, Grouchy, Grouchy … ».  Le dernier soupir ressemble à un orgasme, dans des cas pareils.

Francorchamps. Le piège parfait. L’alternative maléfique. Quel que soit ton choix, tu es foutu, Petit Homme, comme aurait écrit Wilhelm Reich (pas de chance, quand même, hein, pour un progressiste, de se farcir un nom pareil !).

Tu votes contre : tu es un intégriste malfaisant qui fait perdre de l’emploi et n’aime pas cette bonne odeur d’huile de vidange qui extasie les vrais sportifs.

Tu votes pour : tu n’as aucune suite dans les idées, où sont tes principes de base, hé, tu fais de la politique comme les autres ou quoi ?

Tu t’abstiens : eunuque politique, comme disait Louis Michel; là, tu es vraiment mort. Ce qui est marrant, c’est que les partis traditionnels quand ils sont dans l’opposition font souvent cela et personne ne leur en tient rigueur. C’est bien la preuve que nous sommes un parti alternatif et différent.

Bref, Cher Membre, Membre, Membre, Membre, on avait les noisettes bien coincées dans un trou du tamis de la chaise en osier, et rien à faire pour s’en extirper.  (Et je me rends compte que cette métaphore est fort peu épicène, pardonnez-moi, Chère Membre) .

Mais on a appris, on est adultes, maintenant : bien malin qui nous coincerait  encore comme ça. On sait que pour chaque situation, on doit avoir prêtes chaque réponse et son contraire. Le Grand Prix de Francorchamps est supprimé ? Génial ! Enfin on nous donne raison (comme la fin du monde le fera de façon éclatante quand il n’y aura plus un seul électeur pour s’en rendre compte, mais une victoire intellectuelle, c’est important, quand le corps a disparu…). Il est maintenu ? Génial ! Les oiseaux vont avoir un peu de distraction, les francorchampenois un peu de boulot pendant un WE (message à Paul Magnette pour l’occasion : Paul, essaye de piquer le Grand prix à Francorchamps, le ring de Charleroi, pour tourner en rond, c’est le rêve) , les amateurs de formule 1, un peu de consolation dans un monde qui laisse si peu de place au bruit, au cambouis et à la publicité agressive. Et six millions par an, qu’est-ce que c’est ? A peine un bras et une épaule d’Eden Hazard (ses jambes valent beaucoup plus, sa tête, je sais pas).
  
Chers Membre (X4, ça c’est l’avantage des mots qui se mettent pas au féminin), il vous faut tirer les leçons de cette malheureuse (mais aujourd’hui très positive) histoire de Francorchamps. Dans votre argumentation, avant le débat fatal sur radio Gouy-Lez-Piéton, ou même au café du coin, prévoyez toujours un argument et son contraire.

On installe une porcherie ? C’est une vraie tragédie pour les riverains. Mais une bonne odeur de merde porcine, ça fait très campagnard, aussi. On pourrait installer une chambre d’hôte pas loin.

Une grande surface s’installe à la place d’un parc arboré?. Ca va tuer le petit commerce. Mais quelle aubaine pour tous les chômeurs de moins de 25 ans désoeuvrés qui ne savent pas de quoi leur repas de midi sera fait.

Une autoroute traverse la commune ? Et va couper une piste cyclable, c’est un scandale. Mais pour les petits hôtels de la région, c’est une aubaine. Et s’il n’y a pas d’hôtels, c’est l’occase d’en créer.

Allez, je ne vais pas insister : vous avez compris.

C’est ça aussi qui fait de notre parti un parti différent : les militants comprennent vite.

Chez les socialistes, par exemple, il faut répéter cent fois le même discours. « Il faut faire de la nouvelle politique, parce que l’ancienne n’a plus la cote » ; cent fois, qu’ils le répètent, et y en a qui n’ont toujours pas compris.    

lundi 20 août 2012

Le dernier rivage




Chers Ami-amie-ami-amie,

Aujourd’hui, nous allons parler d’un sujet grave.

Comment aborder la fin du monde dans le cadre des élections communales ? Je veux dire : comment faire en sorte que, à l’image du frétillement très passager de chaque brin d’herbe du Heysel  quand les diables marquent (et c’est un instant rare que ces végétaux apprécient à sa juste valeur), un micro-territoire se sente concerné par la survie du macro ?

C’est un fameux problème : à part Doel et Fleurus, peu de communes se sentent vraiment menacées dans leur survie.

A l’image de chacun de nous, en fait : comment croire que nous pouvons demain périr tous collectivement, alors qu’à l’instant même, nous dégustons une  « Bons vœux » de la Brasserie Dupont, qui est la meilleure bière du monde,voyons passer une jeune fille peu habillée pour cause de canicule ou nous payons un sacré fou rire après avoir lu qu’Elio venait en 8 mois  d’apprendre 2500 mots en néerlandais, alors que nous-même ignorions en connaître autant en français ?

Croyez-moi : il est déjà très difficile pour l’homme de s’inscrire dans un projet collectif, alors, dans un désastre collectif, je ne vous dis pas. Quelqu’un s’est-il demandé une seule fois pourquoi le bunker d’Hitler était si petit ? Par mesquinerie ?

Non. Le clairvoyant tyran savait très bien qu’il est vain de vouloir entraîner trop d’humains à leur perte en même temps, il y a toujours une tapée de crabes qui espèrent se sauver, raison pour laquelle il n’avait gardé une place que pour son pote Goebbels,  qui lui avait familialement le profil, et avait laissé les autres dehors. Se faire bombarder par les russes.

Hé bien a contrario, il est tout aussi vain de convaincre la fourmi que si le nid est ébouillanté, elle aussi, et que si toutes les fourmis du monde s’y mettaient, le nid pourrait être sauvé. Pour en être convaincue, la fourmi, qui dans le genre est peut-être économe, mais drôlement individualiste, et têtue, doit prendre une giclée d’eau bouillante sur la tronche, elle-même, pas sa voisine, sinon, elle n’y croit pas.

C’est évident, si nous voulons percer de façon significative aux communales, il faut que des communes aient peur : peur pour leur survie.

Référons-nous dès lors à l’histoire : la dernière fois que des communes ont craint de disparaître, c’est par la grâce de Joseph Michel, les fusions de communes. En 77. Et en plus, ces communes qui avaient peur ont réellement disparu, ce qui constitue un précédent  vachement plus dissuasif que la chaise électrique.

Quel est donc le conseil du Professeur Ponchau ?

Que l’un d’entre nous se sacrifie. Il déclare par exemple qu’il n’est plus en phase avec la philosophie du parti alors qu’en fait il en a marre de payer ses rétrocessions, il s’en va vite fonder un groupuscule qui tient ses congrès dans une cabine téléphonique et pond un programme en deux temps trois mouvements. Dedans, un projet-clef : seules les communes de plus de 100.000 habitants subsisteront!

On demande alors à Georges d’intervenir à la tribune ou dans une gazette pour proclamer avec indignation que c’est scandaleux,  et le tour est joué. Envoyez dans les communes concernées des délégués Greenpeace, et vous allez voir le nombre d’affiliations.

Vous savez, la politique, c’est souvent plus simple que ce qu’on croit…

jeudi 16 août 2012

Dans Fleurus, il y a Fleur...


Alléluia, quelle période faste ! Quel plaisir de lire le journal en sirotant une Saison Dupont sous un soleil de plomb (quel poète, ce professeur Ponchau).

Hier Doel ! Aujourd’hui Fleurus. « Il y a eu rétention de déchets par l’exploitant », nous dit un observateur bien informé. Une sorte d’occlusion intestinale façon Tchernobyl.

Ecologistes de tous les pays (surtout les communes belges), réjouissons-nous ! Calculons déjà combien de pensionnés  auraient pu prendre leur pension à 60 ans avec les 50 millions d’ € que va encore coûter cette histoire et disons-le sur nos tracts. 

Mais non ! Bande de niais ! D’abord, il y a bien plus de gazettes qui ont fait leur gros titre de la victoire historique des diables rouges (historique dans ce genre de cas signifie « à marquer d’une pierre blanche tellement c’est rare » - gargl!, la gaffe, le Professeur Ponchau qui applique l’inverse de ses préceptes ! Adieu électeurs sportifs du type cul coincé dans le fauteuil, et ça en fait un paquet !).

Ensuite, n’oubliez jamais que nous sommes en août ! En période de vacances, la moindre billevesée nucléaire fait les gros titres dans les gazettes encore lisibles par les temps qui courent. Vous sortez la même info le 15 septembre, c’est en page 46 ; et on ne vous dit pas dans celles qui ne font que 30 pages. La fonte du Groenland, en septembre, c’est pas sur une page, c’est sur le net, pour ceux qui cherchent. Le véritable amoureux de la nature et plus prosaïquement, de sa propre existence, est proactif, tout le monde sait ça.

Car quand la rentrée politique aura eu lieu, on en reviendra à la normale : la plupart des pages des journaux un peu lisibles ne seront plus consacrées aux événements, mais bien à ceux qui parlent des événements.

Quant aux journaux qui ne sont pas lisibles, ils continueront à publier les photos inmontrables des accidents de la veille et autres horreurs diverses, ou mieux vous les raconteront (comme la pornographie, c'est encore plus excitant en mots qu'en images) en signalant au début de  l’article que c’est après un grand débat déontologique collectif en rédaction qu’un peu la mort dans l’âme, ils se sont résolus à vous montrer ces abominations… mais c’est ça, le monde passionnant de l’information, Kids !

PS (si j’ose dire) : signalons aimablement à Georges Gilkinet qu’il ne faut pas dire, comme dans le Soir d'aujourd'hui : « Il y a eu une faille du contrôle » ; il faut dire « Il y a  eu une fissure dans le système de surveillance ; un peu comme à Doel 3 ».  

dimanche 12 août 2012

On peut rire de Doel, mais pas avec tout le monde.


On peut rire de Doel, mais pas avec tout le monde

Vendredi : « La fissure de Doel inquiète l’Europe ».
Samedi : « Des milliers de défauts à Doel ».

Je vois d’ici certains candidats-candidates-candidats-candidates se frotter naïvement  les mains : « Purée, on la tient, notre dioxine, notre Fukushima du pauvre, notre Tchernobyl  miniature sans les dégâts collatéraux ».

Et nos enthousiastes de se lancer aussitôt dans l’écriture d’un prospectus dont je ne vous livre que ces quelques extraits : « On vous l’avait bien dit… » ; « Ecolo une fois de plus avait vu juste ! » ; « Déjà, dans un document du 3 mai 1991, nous fustigions l’inconscience du lobby nucléaire » ; « Que n’avez-vous voté en masse pour nous lors des élections précédentes, on n’en serait pas là » ; « C’est comme pour Francorchamps… » .

Malheureux ! Jetez-moi vite ce brouillon aux orties (si vous ne les avez pas déjà toutes transformées en soupes insipides, mais si bonnes pour la santé).

L’électeur a horreur qu’on lui fasse la morale, il a horreur des schtroumphs  à lunettes, il aime encore moins qu’on fasse mine de récupérer les malheurs du monde à des fins électorales (si le PS le fait de toute éternité, c’est grâce à sa subtilité : il n’a pas besoin de prouver aux pauvres et aux assistés qu’ils le sont, juste de leur faire croire que s’ils le ne le sont pas davantage, c’est grâce à lui. Mais allez démontrer à un irradié qui n’est que virtuel que s’il vote Ecolo, les radiations feront moins mal !)

Bref, oubliez un discours aussi direct.  L’idéal, c’est l’allusif, le répétitif (léger !), pour mieux dire enfin : le subliminal.  A cette fin, que chaque locale fasse appel  aux militants appartenant à certains corps de métiers susceptibles de distiller le message  avec patience, finesse et persévérance.

Quelques exemples :

Dentiste : « Il y a une fissure dans cette molaire, je vous dis pas : on dirait Doel 3 ».

Pédicure : « Cette fissure, sur votre plante de pied gauche, je n’ai jamais vu ça : on dirait Doel 3 ».

Thérapeute familial : « La fissure dans votre relation de couple, à côté de Doel 3, c’est de la rigolade ».

Architecte : « Cette fissure dans la façade, c’est un peu comme Doel 3 : elle n’a l’air de rien comme ça, mais avec le temps, on pourrait arriver à l’effondrement ».

Proctologue : …

... enfin bref, vous avez compris le principe. 

Toi aussi, maintenant, trouve ton homme –femme-homme-femme de métier et ce qu’il doit répéter insidieusement.

Pas de discours direct. Du subliminal, du subtil, bordel de merde !


mercredi 8 août 2012

On ne s'improvise pas spécialiste





Aujourd’hui : le Professeur Ponchau propose aux locales ses services comme spécialiste/analyste

Chers Amis amies amis amies,

Aujourd’hui, le Professeur Ponchau a lu un article fort intéressant consacré au bénéfice des entreprises du Bel 20. Bel 20, ce n’est pas le cri d’un maraicher picard particulièrement satisfait de son chiffre d’affaires au marché du samedi matin, mais bien la liste des 20 plus grandes valeurs de la Bourse de Bruxelles.

L’article envisage l’avenir du marché belge. Et comme de bien entendu, on interroge « un spécialiste des actions belges ». Qui nous déclare : « Tout dépendra de l’évolution de l’environnement macro-économique ».

Du coup, le Professeur Ponchau se verrait bien spécialiste de tout et n’importe quoi pour vous aider à faire passer des vérités désagréables, ce qui n’a pas grand sens électoralement, mais est quand même le thème central de cette rubrique. Vous pouvez l’inviter pour des causeries, des apéritifs dînatoires conférences ou encore simplement pour servir de caution scientifique à votre unique toutes-boîtes de la campagne, vu que vos budgets ont quand même leur limite.

Quelques propositions ?

« Si la fin du monde survient, j’estime que la Belgique a relativement peu de chances de s’en sortir. »

« Si tous les autres jouent comme des clinches, même les bonnes performances de Vincent Company ne pourront qualifier la Belgique pour le Brésil. » (Beaucoup d'électeurs aiment le sport, surtout celui que pratiquent les autres)

« Guérir d’un rhume t’est de peu de réconfort aux soins palliatifs » (pour si jamais vous évoquez la politique de la santé)

«T’émerveiller d’un papillon multicolore n’est d’aucun intérêt s’il est entouré de frelons asiatiques ».

« On remarquera que malgré les discours pessimistes d’écologistes en quête d’électorat angoissé, il y a quand même 3% de la surface du Groenland qui est gelée».

Interrogeons un spécialiste à propos la phrase précédente : « Personnellement, j’aurais écrit « qui sont gélés ». Mais ça reste à vérifier, vous me permettrez de rester prudent ».

Fastoche, hein ? Mes services sont bien sûr gratuits. Pour le moment.
Car quand le Professeur Ponchau sera grand, il fera consultant

samedi 4 août 2012

Gengis Khan is back




Les temps ne sont décidément pas à la rigolade : on nous annonce que le frelon asiatique arrive en Wallonie. Une espèce de bête dégueulasse à côté de laquelle Alien ressemble à un ours en peluche.

Inoffensive pour l’homme, nous dit-on (encore que…je voudrais bien savoir, si tu te retrouves avec un de ces sales frelons dans ton froc, ça arrive, ce genre de choses, quand j’étais petit, une guêpe m’a piqué sur la fesse, je voudrais bien savoir si c’est si inoffensif que ça, cette bestiole). Mais faisant son ordinaire des ruches et donc des abeilles.

Purée ! Comme si les abeilles n’en avaient pas assez pris dans la gueule ces dernières années. Attaquées par tous les acariens (et toutes les acariennes qui vont chanter et danser sur le violon). Les pesticides. Orphelines des fleurs sauvages…

Et on nous dit que si les abeilles disparaissent…gloups…nous aussi !

Chers candidate candidat candidate candidat (c’est une braguette féminine aujourd’hui), l’heure est donc grave ! Comment faire de l’or avec du plomb ? Comment transformer cette triste nouvelle (une de plus…) en opportunité électorale ?

Le Professeur Ponchau vous  donne la recette infaillible : quand un malheur vous frappe de façon inexorable, il faut  trouver un coupable, et arriver à fédérer le bon peuple contre lui.

Mais qui est donc le coupable, me direz-vous, non sans un certain à-propos ?

L’Asie, bien sûr. Et les millions de crétins malfaisants qui la peuplent. Ca ne vous a pas frappés, pauvres niais ? La renouée du Japon. Les coccinelles asiatiques. Les écureuils de Corée. Toutes les saloperies viennent de là.

Dès lors, quel est notre conseil : dans vos prospectus, n’hésitez pas à reprendre quelques cases de bons vieux Buck Danny. Comme celle qui est reprise ci-dessus. L’électeur, dès lors, ne se dira plus que décidément, l’humanité court à sa perte, mais bien que le péril jaune est de retour sous une forme encore plus perfide que Mitsuhirato,et que voter vert pour contrer le jaune, c’est un peu le même combat que Mojito contre Ricard, le pastis a perdu d’avance, les jeunes n’aiment plus.

Et que l’humanité coure à sa perte, on s’en fout un peu, dans le fond. Pourvu qu’on puisse faire une java d’enfer le soir du 14 octobre.