mardi 31 mai 2016

La nostalgie, Camarade


En 1990, le monde enseignant est entré en ébullition. J'étais enseignant.

C'est Yvan Ylieff qui était ministre de l'enseignement. Injustice notoire, Yvan Ylieff n'a droit qu'à trois lignes sur Wikipedia, ce qui a au moins le mérite de prouver que ce n'est pas lui qui les a écrites. Il vit encore. On ajoutera sûrement quelques lignes à sa mort.

En 1989, il y a eu une super réforme de l'Etat, la communautarisation de l'enseignement. Les socialistes en étaient. Ils étaient même des moteurs. Quelques mois après, ils se rendent compte qu'ils se sont faits entuber jusqu'à l'os. Dans des cas pareils, il faut trouver des martyrs. Martyr, c'est quand  ton ambition démesurée combinée à une analyse du monde plus limitée que tu ne le croyais fait dire à ton président de parti que tu es l'homme de la situation. Tu finis avec trois lignes sur Wikipedia alors que tu t'es farci presque six mois de grève.

Nous, enseignants, on n'a jamais été aussi beaux que durant ces mois-là. On faisait des piquets tournants, pour pouvoir faire grève sans perdre de sous, alors qu'on tordait dans tous les sens le droit de grève. On buvait le café tous les matins devant le faux piquet en se prenant pour des héros. Tous les bourges nous détestaient. Tous ces putains de riches qui s'imaginent que leur blé est dû à leur mérite, ce qui n'est vrai que dans 1 cas sur 10 et par beau temps, et nous, plutôt que de nous faire les maillons passifs d'un système au fond dégueulasse, on a pour une fois gueulé très fort avec les délaissés de la société qu'on opprime d'habitude.

Des amours sont nés sur ces piquets, ils furent intenses et éphémères.

En 1990, quand on me parlait de la grande grève de l'hiver de 60-61, je ne m'imaginais même pas que j'étais déjà vivant quand ça se passait.

Si Goblet est l'empereur de la connerie, ainsi que pas mal de ses valets et faux amis, beaucoup de ceux qui le suivent n'ont droit qu'à du respect. Un gouvernement humaniste ne leur enfoncerait pas la tête sous l'eau.

Mémoire et tolérance, cela va bien ensemble.

Et caramba, c'est encore Raoul qui cause dans le poste...










dimanche 29 mai 2016

Front populaire ou anus horribilis?


Mardi dernier, 3 hommes politiques débattaient.

Le lendemain matin, sur son  site, RTL titrait:

Rapprochement idéologique entre PS, Ecolo et PTB: "Faisons des majorités rouge-rouge-vert là où c'est possible"

Fidèle à son patronyme, Magnette y est allé d'une phrase solennelle: "Il faut reposer la question de la contrainte, oser dire non à l'Europe et pour la gauche". 

Et notre désormais grand ami Raoul, qui est décidément un passionné d'histoire, d'en appeler à la "mobilisation via un nouveau front populaire". Si ça marche "on ouvrira les débats".

Faisons un peu d'histoire, dès lors.

De l'histoire proche d'abord. Septembre 2002: signature des convergences de gauche. Une arnaque politique mémorable, la grenouille qui se prenait pour un boeuf et qui s'est fait bouffer les cuisses par l'ogre rouge. Avec de l'aïe.

De l'histoire plus ancienne. 1936. Le Front populaire, il faut le rappeler, c'est une alliance de circonstances entre 3 partis : le SFIO, les socialistes de Léon Blum. Le parti radical qui, comme son nom ne l'indique pas, n'est pas de gauche, mais trouve son électorat dans les classes moyennes. Les communistes de Maurice Thorez.

C'est un malin, le stalinien Thorez. C'est lui qui suggère que socialistes et radicaux s'allient, avec sa bénédiction...mais pas sa participation. Lui, pour ne pas se salir les mains avec des "partis bourgeois", va les soutenir de l'extérieur. 

Raoul fait plus que connaître l'histoire...il veut la répéter.

Popol, lui, a retenu surtout la manchette du Populaire du 4 mai 1936.

Des radicaux, il faut retenir que cette alliance leur valut une sacrée défaite électorale, ce qui les fit monter affaiblis dans l'attelage du Front populaire. La comparaison avec notre présent cas de figure s'arrête là : à dissoudre son identité dans de fausses alliances, on y perd la voix, sinon l'âme.

Mais allons au bout de notre manuel d'histoire : en 36, les travailleurs obtiennent deux semaines de congés payés.

En septembre 1939, ça passe à 9 mois. Sur la ligne Maginot. 






jeudi 26 mai 2016

Coule Raoul ! (ou la stratégie du KO)


Prenons deux messages postés par Raoul sur son compte Facebook:

26 mai 2016 vers 8 heures

Des grèves spontanées sont parties ce 25 mai de nombreux ateliers de la SNCB : Malines, Merelbeke (Gand), Ostende, hasselt, Kinkempois, Cuesmes, Salzinnes, Forest et Schaerbeek. C'est un mouvement très large tant en Flandre qu'en Wallonie et à Bruxelles.

25 mai 2016 vers 19 heures

Aux 157 personnes devenues membres du PTB hier pendant la manifestation syndicale contre la loi Peeters, je voudrais vous souhaiter plus que la bienvenue dans le parti de la lutte et des travailleurs.


Prenons également deux citations d'Ernesto Che Guevara:

"Permettez-moi de dire, au risque de paraître ridicule, que le vrai révolutionnaire est guidé par de grands sentiments d'amour. Il est impossible d'imaginer un révolutionnaire authentique sans cette qualité. Peut-être est-ce là un des grands drames du dirigeant. Il doit allier à un tempérament passionné une froide intelligence et prendre de douloureuses décisions sans que se contracte un seul de ses muscles."

"Ce serait une erreur impardonnable que de sous estimer ce que peut apporter un programme révolutionnaire par un processus électoral donné. Mais il serait également impardonnable de ne penser qu'aux élections et de négliger les autres formes de lutte."

Il y a un point commun entre Raoul, les membres de son parti et ceux qu'il essaye de séduire : ils ont tous eu un jour un poster du Che sur les murs de leur chambre.

Mais Raoul, lui, il l'a lu.

De la première à la dernière ligne.

"Ecoute, les révolutions sont moches, mais nécessaires, et une partie du processus révolutionnaire est l'injustice au service de la future justice."

Tiens, on me dit que les trains roulent en Flandre. C'est dingue.



mardi 24 mai 2016

Les tribulations du chinois en Schyns



Pour Marie-Martine, la réforme des pensions de Daniel Bacquelaine, c'est du chinois!

Prenons ses déclarations du 2 mai dernier, à l'issue d'une réunion avec Daniel et les autres Ministres de l'enseignement à propos des pensions des enseignants :

"La réunion a été constructive"
"La Ministre francophone de l'Enseignement a rappelé à son collègue du fédéral qu'elle serait particulièrement attentive à ce que le calcul des pensions n'implique pas de réduction de ce qui a déjà été obtenu".
"Il y a un espace de discussion", s'est réjoui la ministre.

Prenons en comparaison ce qu'elle répond à une question parlementaire sur le sujet le 17 mai dernier:

"Effectivement cette réforme des pensions, étape par étape et couche par couche, pose problème."
"En tant que ministres de l'Education, nous avons tous les trois indiqué au ministre des Pensions que les mesures déjà prises -relèvement à 63 ans de l'âge de la pension anticipée et à 67 ans de l'âge de la pension; durcissement progressif des conditions de carrière; réduction de la valorisation de 1,09 à 1,05 des années prestées pour l'ouverture du droit à la pension- étaient très défavorables pour les enseignants."

Tudieu, la quinzaine a dû être rude, entre le 2 et le 17, pour engendrer un pareil contraste. Dépression? Prise de conscience tardive? Manipulation du discours?

Un peu des trois, sans aucun doute.

Cruel constat : le mal est déjà fait, en grande partie... Joëlle, je sens que tu vas devoir te nouer une casserole supplémentaire aux guibolles.

Ensuite, c'est compliqué, ce dossier, surtout pour une ministre re-débutante. On vous passe les détails techniques qui ennuient tout le monde, mais sa réponse du 17 mai, à Marie-Martine, derrière cette lucidité retrouvée, c'est confusion des notions, erreurs de logiques, approximation temporelle. Difficile apprentissage, surtout que le Professeur Bacquelaine, c'est l'anti-pédagogue personnifié, comment en savoir moins après le cours qu'avant.

Enfin...ben oui... Marie-Martine. Les pratiques ancestrales de son parti (les pratiques de son parti ancestral, ça marche aussi) ont forcément déteint sur elle. On ne dit pas la même chose dans un communiqué public et dans une réponse à une question parlementaire dont seuls celle qui a posé la question et l'un ou l'autre journaliste en tout tout début de carrière auront pris connaissance. 

"Diablesse en collant rose", la Ma-Ma? 

Vous savez où elle était, le jour, en 2012, où a été votée au parlement fédéral une des dispositions  "très défavorable aux enseignants" dont elle parle dans sa réponse, la "réduction de la valorisation de 1,09 à 1,05 des années prestées pour l'ouverture du droit à la pension" ? Assise sur une chaise, en ce même lieu. Elle poussait sur un bouton. 

Allez, tu re-débutes, Marie-Martine, bénéfice du doute! Maîtrise un peu ton dossier, ne prends pas tes administrés pour des crabes, et surtout, méfie-toi du cobra Daniel B. Cette fois, tu t'es fait enfumer. A la prochaine réunion, ça pourrait être pire! 





  









 







samedi 21 mai 2016

Tornado s'est mué en caniche-nain (Zorro-Charlot suite épidode 9)


Pas mal essayé.

"La Belgique n'est pas un failed state. La Belgique, c'est une grande démocratie. La Belgique,  c'est un état de droit". Costard Homme d'Etat (branché en plus, déliquescence, ça aurait fait Armand De Decker).  

'"Je regrette que l'expression "Etat voyou" abîme l'image de la Belgique".
Belle inversion cause-conséquence, avec détournement de l'objectif (au sens photographique du terme) sur les "fauteurs de trouble".

"Cela abîme l'image de la Belgique et c'est cela qui me rend triste". Si c'est pas Bambi, c'est Dumbo.

Alliance verbale subtile avec Bart: ce sont bien les wallons, hein, mais juste une minorité pervertie.

Dégât collatéral: renforcement des cousins brouillés qui, aux repas de communion, s'asseyent chacun à un bout de table : Filip et Raoul.

Proposition d'utilisation des 4 millions d'Euros: 1,9 million à Eden Hazard, 1,9 million à Kevin De Bruyne, pour qu'ils portent un tee-shirt "Belgium is beautiful" en-dessous de leur maillot et le soulèvent à chaque fois qu'ils marquent. Consacrer le reliquat de  0,2 million à l'organisation d'un match amical Belgique-Endorre.

Pas mal essayé.

Purée, ce premier ministre, on peut dire qu'il a des Koen.




jeudi 19 mai 2016

Le retour triomphant annoncé de Zorro-Charlot (épisode 8)


Faut arrêter de se mettre dans la tête que Charlot est dans les cordes.

Prenons trois hypothèses:

1. Charlot est abattu, courbatu, combattu et il se cache dans le placard de son bureau;
2. Charlot est affaibli au sein du MR, et les crocodiles Didier R et son pote Daniel B sont en train de reprendre le leadership;
3. Charlot attend son heure, il laisse Geens et le CD&V prendre les claques comme Valls en son temps, sauf qu'on peut supposer que le moteur de Geens est davantage le sens du devoir qu'une ambition démesurée. Mais le résultat est le même, le bouclier fonctionne.

Dans les trois cas (y en a peut-être d'autres), Charlot n'a rien d'autre à faire que de rester dans les coulisses.

Et en se faisant tout petit, il laisse le temps que même les ultradroitistes flamingants finissent par feindre l'empathie pour les détenus wallons, il affaiblit l'adversaire en nourrissant son excès de confiance et il s'attire même la sympathie, sinon la compassion que les losers suscitent immanquablement chez une partie du public, celle qui pleure en regardant Bambi.

Dans les trois cas, Charlot n'a de toute façon pas d'autre choix que de surgir au bon moment hors de la nuit... sans courir vers l'aventure au galop...tranquille... Homme d'Etat. Comme lors de la conférence de presse après-attentats où il a éclipsé Hollande.

Je mise sur l'hypothèse 3. Mais même si elle n'est pas correcte, c'est face à celle-là qu'il faut s'attendre à devoir réagir. 

Mieux vaut surestimer son adversaire que le sous-estimer. C'est une des clefs du combat politique. De sorte que, comme aux échecs, on se garde en magasin un, sinon deux coups d'avance. Le combat politique, au niveau stratégique, ce n'est pas seulement demain, c'est aussi après-demain. Et au niveau des convictions, c'est un futur qui n'adviendra jamais.

Encore faut-il estimer légitime le combat politique, bien sûr.


mercredi 18 mai 2016

The fine red line j'enfonce le clou



Un lecteur avisé (ce qui est quand même la preuve que ce blog a au moins un lecteur) nous fait remarquer que si les enseignants peuvent perdre 11.000 € de pension par an, c'est que leur pension doit être bien élevée. Comme nous devrions tous l'être.

Hé bien oui, Cher Ami, le PS déclare même dans son intervention indignée que cela représente entre 11 et 23,6 % de la pension annuelle des enseignants (mais précise comme tous les ministres retors que c'est un calcul de l'administration). Celui qui perdrait 23,6 %, c'est donc le plus pauvre, il toucherait comme pension à ce jour  46 610 € par an. Soit plus que son dernier salaire annuel. La loi sur les pensions précisant qu'il n'est pas autorisé pour les fonctionnaires de toucher plus de 75 % de leur dernier salaire. 

Le plus riche, celui qui ne perd que 11 %, toucherait actuellement 100 000 € de pension. Soit un peu moins du double de son dernier salaire. Le Lotto-varices, ou une pub pour attirer les jeunes vers le métier?

L'avantage du PS, c'est le nombre. Une sorte de chorale. Il y a les ténors, il y a les autres, mais c'est en plein respect réciproque, puisque c'est le bien du peuple qui est en jeu. Quand un ténor craint de dire une connerie, il ne la dit pas, il demande à un autre de la dire. 

Frédéric est un bon client pour ça, il croit que l'intelligence est héréditaire, alors que si c'était vrai, il serait bourré à chaque interview. 

Ceci dit, il faut féliciter le PS de faire bon usage de ses éléments faibles. Au MR, on doit en faire des ministres ou des chefs de groupe. 

mardi 17 mai 2016

The fine red line


"Le parti socialiste regrette que le gouvernement s'en prenne une nouvelle fois aux gens qui travaillent".

Purée, que c'est beau! "S'indigne" l'eût été encore plus, mais bon...

Ca concerne une mesure qu'on aime bien, sur ce blog, la réduction des tantièmes utilisés pour calculer l'ancienneté pension de certains fonctionnaires, dont les enseignants. C'est technique, ne nous attardons pas là-dessus, on cause COM, avec un M, disons simplement que le PS s'en prend à la réduction des tantièmes de 1,045 en moyenne à 1,000 envisagée par Daniel B, l'anaconda ministre des pensions. 

Et de recourir à l'héritier du roi de la calculette, Frédéric Daerden, qui déclare: "Concrètement, un enseignant devra travailler 2 ans de plus pour toucher... 11.000 € de pension en moins chaque année." Bien placer les trois points est un truc essentiel en communication politique.

Le 13 décembre 2012, le Gouvernement Di Rupo a fait voter une loi qui réduisait les tantièmes de 1,09 à 1,045 en moyenne. Pas besoin de la calculette au gros rouge pour constater que la mesure est mathématiquement identique, et que l'effet doit donc être le même. Faisons confiance au PS, il sait calculer quand il veut.

Mais quand on est dans trop de gouvernements à la fois, comme en 2012, même l'armée mexicaine dont on dispose dans l'administration ne suffit sans doute plus. Il ne devait plus y avoir personne pour calculer... 

Et pour communiquer, pas besoin de chiffres, Elio était là:  "C’est une question de bon sens", considère le Premier ministre, "des mesures doivent impérativement être prises pour faire en sorte que, progressivement, chaque personne qui a entre 50 et 60 ans travaille plus longtemps qu’aujourd’hui"  (14 février 2012)

Souvent, sur ce blog, on fustige le rejet de la politique. Mais il y a des jours où c'est plus difficile que d'autres.

jeudi 12 mai 2016

Pas crocodile: crotale!


Continuant notre exploration des tortuosités les plus sombres de l'âme humaine, nous allons encore nous intéresser à Daniel. L'exercice d'aujourd'hui :  une réponse à deux questions parlementaires sur les pensions.
Nous exposons les questions par rigueur scientifique, mais la réponse nous intéresse davantage , et nous soulignons certains passages selon un code de couleurs choisi de façon parfaitement aléatoire:
- orange: hypocrisie;
- rouge: manipulation;
- bleu foncé: mensonge;
- bleu clair: foutage de gueule;
- gris : invérifiable;
- blanc: évidence;
- jaune: le non-dit.

6 Questions jointes de
- M. Frédéric Daerden au ministre des Pensions sur "la rencontre du ministre avec les ministres en charge de l'enseignement" (n° 11322)
- M. Georges Gilkinet au ministre des Pensions sur "la réunion du ministre avec les ministres de l'Enseignement" (n° 11444)
06.01 Frédéric Daerden (PS): C'est une question qui porte sur votre rencontre, monsieur le ministre, avec les ministres en charge de l'Enseignement au début du mois de mai, réunion où, selon ce qu'on a pu lire, des thèmes liés à l'aménagement de fin de carrière et à la pénibilité ont été abordés. Quel est le contenu de ces négociations au-delà de ce que la presse a pu en dire? Un timing est-il prévu pour vous revoir et pour aller plus loin dans ces thèmes et ces diverses négociations?
06.02 Georges Gilkinet (Ecolo-Groen): Monsieur le ministre, sur le même objet, comme vous l'avez annoncé préalablement, vous avez rencontré, le lundi 2 mai dernier, les ministres de l'Enseignement des trois Communautés. En effet, les différentes réformes intervenues en matière de pension ont des conséquences très lourdes sur les conditions d'accès des enseignants aux mesures de fin de carrière, la DPPR pour ce qui concerne la Fédération Wallonie-Bruxelles. C'est quelque chose que nous dénonçons dès lors que petit à petit, ce sont les droits à une fin de carrière digne et "assumable" pour les enseignants qui sont remis en cause, avec des droits acquis qui sont bousculés et des conséquences financières importantes pour les intéressés.
Ces discussions avec les entités fédérées sont donc nécessaires et utiles et doivent déboucher sur des aménagements spécifiques. Voici dès lors mes questions. Quelles sont les questions et revendications qui ont été mises sur la table par les trois ministres?
En fonction des réformes déjà introduites, quel est l'âge minimum actuel d'accès des enseignants francophones à la DPPR? 
06.03 Daniel Bacquelaine, ministre: Monsieur le président, chers collègues, j'ai en effet invité les trois ministres de l'Enseignement à me rencontrer afin de les informer des mesures relatives aux pensions du secteur public décidées à l'occasion du dernier contrôle budgétaire du mois d'avril.
Deux réformes ont fait l'objet d'une attention particulière au cours de cette réunion. Il s'agit, d'une part, de l'harmonisation de la bonification pour diplôme pour le calcul de la pension et, d'autre part, de la suppression des tantièmes préférentiels liés à la prise en compte de la pénibilité dans la détermination des droits à la pension. Les préoccupations principales des ministres de l'Enseignement portaient sur la préservation des droits acquis et sur la poursuite du dialogue avec les entités fédérées.
En ce qui concerne les droits acquis, j'ai pu indiquer que les enseignants bénéficieraient encore gratuitement de la bonification pour diplôme pour la carrière prestée avant l'entrée en vigueur des nouvelles dispositions. Par exemple, un enseignant justifiant d'un diplôme de 4 ans et ayant déjà effectué les trois-quarts de sa carrière bénéficiera gratuitement de la bonification pour 3 années de son diplôme.
Dans la même logique, j'ai précisé que les tantièmes préférentiels comme je l'ai dit tout à l'heure demeureraient acquis pour toute la période précédant l'entrée en vigueur des nouvelles dispositions liées à la prise en compte de la pénibilité.
Quant au dialogue avec les entités fédérées, il a été convenu qu'il se poursuivrait tant au niveau de la commission Secteur public du Comité national des Pensions, qu'au niveau du Comité A où elles sont représentées.
La réunion s'est déroulée dans un climat constructif, ce que d'ailleurs les ministres ont déclaré à l'issue de la réunion.
Pour répondre à la question de M. Daerden sur l'état d'avancement des négociations, je vous informe que les réformes relatives à la pénibilité et à la bonification pour diplôme sont actuellement en discussion au Comité national des Pensions. Les avant-projets de loi mettant en œuvre ces réformes seront par la suite soumis au Comité A pour ce qui concerne le secteur public.
Aucune nouvelle rencontre avec les ministres de l'Enseignement n'a été planifiée. Il est évident que je suis disposé à les rencontrer à nouveau si nécessaire. C'est d'ailleurs la seconde fois que je rencontrais les ministres de l'Enseignement pour évoquer les réformes de notre système de pension.
Pour répondre aux questions plus spécifiques de M. Gilkinet, je tiens à apporter deux précisions. Vu que les discussions sur la prise en compte de la pénibilité sont actuellement toujours en cours au Comité national des Pensions, je n'ai pris aucun engagement quant à une reconnaissance du métier d'enseignant parmi les métiers pénibles.
Nous en avons discuté mais je n'ai pas pris d'engagement par rapport à cela puisque je ne souhaite pas court-circuiter les travaux du Comité national des Pensions. Cela ne signifie pas que je considère a priori comme le font certains que la fonction d'enseignant ne soit pas pénible. Il convient cependant de ne pas perturber la concertation sociale en cours.
L'âge minimum d'accès à la DPPR en Communauté française relève de la compétence du gouvernement de la Communauté française. Pour votre information, il est actuellement de 55 ans pour les enseignants qui poursuivent une activité à temps partiel et de 58 ans pour ceux qui interrompent leur activité.





























































































































Habit sale, non?

mardi 3 mai 2016

La bombe à fragmentation



Les pédagogues, c'est une race qui finalement agace un peu tout le monde, à part quelques masochistes qui ont pris un plaisir énorme sur les bancs d'école (mais quand on creuse un peu, on se rend compte que c'est plus souvent les petits avions, les boules de buvard au plafond ou les jambes poilues dessinées sur le bureau du prof qui les font nostalgier sur la chose scolaire).

Arriver avec un exercice pratique aussi rapidement après s'être perdu dans des grandes réflexions à la noix, il y a quelques jours, ça peut vous faire finir aux yeux des potaches avec un entonnoir sur la tête. Entonnons quand même. 

Le thème du jour, c'est: ne pas mettre tous les politiques dans le même panier, c'est aussi se défendre des plus malins.

Prenons cette tête-ci:

Avant, cette figure débonnaire m'inspirait juste un des "Monsieur et Madame ont une fille" les plus stupides de l'histoire du genre: Shirley. 

Mais ces derniers temps, plus particulièrement depuis qu'il s'occupe des pensions, Bacquelaine me fait vachement moins rire. Daniel, pour les intimes, c'est la mouvance Reynders, cette race de crocodile auquel on aurait greffé le cerveau de Machiavel. 

Y a un principe de base quand on décide de se mêler au débat politique: il faut toujours partir du principe que la personne en face de vous est intelligente. Si elle ne l'est pas, tant mieux pour vous, si elle l'est, vous ne péchez pas par présomptuosité et risquez moins l'effet de surprise.

Partons donc du principe que Daniel a un objectif précis, la diminution  du coût des pensions,  et qu'il a mis en place une stratégie pour y arriver, la fragmentation

Le principe est assez simple au fond : plutôt que d'amener une réforme en une fois qui va vous valoir plus de goudron et de plumes que les deux JJ réunies, vous créez un système de mesures successives qui s'accumulent tout en s'influençant l'une l'autre pour d'abord se stabiliser à long terme (ce qui est important quand on sait qu'on ne restera peut-être pas très longtemps au pouvoir, avec si peu de voix francophones) , et si on peut les amplifier par une dernière cartouche, je sais pas moi, la suppression des tantièmes, c'est le bonheur.

Daniel vise tout le monde, mais sa cible privilégiée, c'est les enseignants. Les enseignants, tout le monde sait qu'ils ont trois mois de vacances, et que c'est super simple de gérer 20 moutards de 4 ans au quotidien quand on en a 58. N'en faisons pas nous-mêmes des martyrs, ils ne le demandent pas, puisque dans cette réforme, tous les petits n'en seront pas morts, mais tous seront frappés. 

Avantage de la méthode, on embrouille tout le monde, donc, on peut dire "les droits acquis seront préservés" alors que la notion de droits acquis n'a plus aucun sens, et surtout pas le même que celui des travailleurs. 

Désavantage de la méthode, dans tout le monde embrouillé, il y a aussi sa propre Administration. L'oeuf nécessaire à l'omelette.

Si ce petit texte vous a intéressé, la suite viendra plus tard. L'amorçage, c'est un truc de marchand de tapis ou de distributeurs de brochures prosélytes, ça sert bien sûr en politique...mais aussi en pédagogie...