jeudi 7 mars 2019

Le dérèglement climatique, c'est comme la mort...



...dans le fond, on n'y croit pas vraiment. 

Collectivement  -à part d'irréductibles désormais criminels- on a pris conscience que quelque chose cloche, et que ça va bien plus vite qu'on ne l'escomptait. Le mot "urgence" se multiplie dans les discours. Mais en réalité, comme chaque humain refusant de façon un peu tripale la perspective de sa propre mort ou la remettant à un perpétuel lendemain, on dirait bien que l'espèce espère toujours s'en sortir à bon compte.

Comment expliquer, sinon, qu'on puisse encore, dans le même élan, proposer de taxer le kérosène et affirmer qu'"on ne veut pas empêcher les gens de voyager"? Mais enfin, Jean-Luc, ça n'a pas de sens, ce que tu racontes. Bien sûr, qu'il faut limiter les déplacements en avion, ce qui revient à en empêcher une partie. 

Bien sûr, qu'il faut du coercitif lourd, et pas comme tu le proposes, "un renchérissement acceptable et supportable du prix des billets". L'idée du pollueur-payeur (et plutôt petit payeur...), c'est dépassé, mon vieux, ça tient de la mesurette. Outre le caractère éminemment capitaliste du principe, tu peux salir si t'as les tunes...

Bien sûr, qu'il faut supprimer les lignes quand une alternative ferroviaire existe. Bien sûr, qu'il faut limiter drastiquement les déplacements  touristiques en avion, et la seule façon de le faire, c'est de déterminer un quota individuel.

Bien sûr, qu'il faut oser déplaire à vos amis qui vous répètent depuis longtemps que voyager leur est aussi nécessaire que se chauffer ou bouffer (et à qui vous brûlez de répondre depuis tout aussi longtemps qu'ils n'ont qu'à essayer pour voir un hiver dans le froid ou un mois sans assiette).

Bien sûr, que ça aura des conséquences importantes en termes d'activité économique et d'emploi, et qu'il faut s'y résoudre sans laisser tomber les gens qui vont trinquer dans l'histoire.

Un plan global, que ça s'appelle, Jean-Luc. Pas une mesure à caractère plus symbolique que pragmatique, que l'on aimerait considérer comme un premier pas, mais qui tout compte fait participe du déni.

Le déni. Tu vois, je suis enclin à l'indulgence, aujourd'hui, c'est humain, le déni. Moi-même, je suis d'un caractère assez porté au pessimisme contemplatif. S'asseoir sur la terrasse et siroter des bières divines en délirant sur le naufrage. Dommage qu'il y ait ces petites filles qui jouent dans le jardin.