lundi 17 septembre 2018

150 milliards de mille sabords


Charlot, on aime ou on n'aime pas (nous, on n'aime pas), mais au niveau COM, il est quand même fortiche. Ainsi, son coup des 150 milliards de la semaine passée, c'est vraiment du grand art. Ou comment faire passer un message complètement tronqué par le biais des médias sans rien dire de faux soi-même.

"150 milliards d'Euros vont être dégagés d'ici 2030". "150 milliards pour donner un coup de boost à notre économie". "150 milliards promis dans un partenariat public-privé".

Un message simple et clair, du pognon bien frais qui va tomber en pluie sur notre économie. L'Eldorado...

Allons lire les articles, c'est déjà moins limpide, c'est pas vraiment du frais, enfin y a un peu de frais, mais surtout du recyclé, 55% du privé, 45 du public, on ne sait pas bien d'où il vient, cet argent public, mais bon, ça n'était pas très clair dans l'exposé et puis, les détails techniques, ça n'intéresse pas vraiment les gens.

Reste donc, pour ceux qui n'ont vraiment rien de mieux à foutre, qu'à aller le lire, ce fameux "Pacte national pour les investissements stratégiques". Histoire d'en avoir le cœur net. Suffit d'aller sur le site de Charlot.

Et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'ils sont bien cachés, ces 150 milliards, planqués entre les lignes et derrière les virgules. D'ailleurs, faut bien l'admettre, à nul endroit de ces 93 passionnantes pages, on ne prétend avoir déniché un tel pactole. Mais on te dit comment tu devrais le dépenser si tu l'avais...

Bon, soyons de bon compte, il y a quand même des pistes. Les 55 % du privé, les entreprises vont de toute façon devoir les investir si elles ne veulent pas perdre de pognon dans l'avenir (enfin en gagner moins, c'est la même chose), d'ailleurs, certaines dépenses sont déjà programmées (sachant que comme toujours, l'Excellence du privé lui permet d'être en avance).

Quand aux 45 % du public, bon sang, mais c'est bien sûr: il suffit de diminuer les dépenses courantes pour dégager les marges nécessaires pour augmenter les investissements, rien n'est plus simple. Ben oui, diminuer les dépenses courantes...

Et si ça ne suffit pas, une autre recette-miracle, le grand retour des PPP... Un PPP (pour Partenariat Public Privé), c'est un type de marché où ce qui normalement coûte très cher à l'Etat lui coûte très très très cher. Mais comme c'est étalé sur plusieurs années, c'est censé faire moins mal. 

C'est un super moyen de mobiliser de l'argent qui dort, c'est écrit, vu que ça va "augmenter son rendement". Je veux, mon neveu, pour augmenter le rendement, ça augmente le rendement... mais c'est le contribuable qui douille, et pas qu'un peu, pendant vachement longtemps.

Mais attention, hein, les Amis, pas de simplisme, les PPP, c'est complexe, c'est pour ça que McKinsey, Deloitte et Cie adorent, pour eux, c'est testicules en or, et que les syndicats, ils y pigent que dalle, alors, pourquoi donc qu'on aurait dû les inviter dans le Comité stratégique qu'a pondu toutes ces belles idées?  

Du grand art, on vous le disait.

Et si en plus, des esthètes en communication évasive comme les deux Rudy viennent hurler à la propagande...

  






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