mardi 1 octobre 2019

L'empreinte de Greta Garbone






L'ennui, avec les icônes, c'est que si ce n'est pas un journaleux fouille-poubelle qui met à jour l'un ou l'autre de leurs travers, un ami renié qui se fend d'une biographie au vitriol ou un(e) ex arrondissant sa maigre part d'héritage via une interview sulfureuse, l'histoire s'en chargera. 

La notion de sainteté est incompatible avec celle d'humanité, mais la multitude n'en a cure et ne consent à faire rimer admiration qu'avec perfection. "The harder they fall"...

Mon poster du Che n'a pas résisté aux récits de la répression sanglante qui suivit la victoire de Castro, l'abbé Pierre à son malencontreux pote Garaudy et Gandhi, même lui, aurait sans doute mieux fait de ne pas s'entourer la nuit de charmantes nénettes pour chatouiller son voeu d' abstinence s'il voulait éviter le persiflage. Quant à JFK, sa légende s'est évaporée depuis belle lurette, principalement, ce qui le rapproche mutatis mutandis de notre héroïne du jour, pour des questions de banane.

Peut-être la tolérance est-elle indissociable d'un narcissisme salutaire, ou pour le dire autrement, sans doute faut-il aimer un peu nos poutres pour accepter les pailles de nos idoles (de grosses pailles parfois, convenons-en).

Peut-être aussi cette propension collective à se créer des héros, des modèles, des stars médiatiques est-elle à interroger.  Notamment en termes d'efficience, pour ceux que l'on estime positifs.

Greta, celle d'aujourd'hui, est d'un apport inestimable en termes de mobilisation. Et pas seulement chez les jeunes.  Elle dépeint la réalité sans fard, elle parle de catastrophe parce qu'il n'y a pas d'autre mot, et tant pis pour tous ceux qui croient que seul l'optimisme peut être moteur, même au prix du travestissement. Elle a acquis ce pouvoir vertigineux d'attirer d'un claquement de doigts micros et caméras et l'utilise plutôt bien. 

Elle a aussi un don précieux, que pas mal de journalistes ont déjà souligné, celui de faire sortir du bois toute une série de malfaisants. La liste est longue, mais perso, je décerne la palme à Sarko et cette phrase potentiellement cultissime : 
" 22 millions de gens qui consomment bien, ça fait plus de mal qu’un million de personnes qui consomment mal." Les 22 millions en question étant bien sûr africains...

Elle fait du bon boulot.

Mais là, ça tourne bizarre, je trouve. Le débat sur le personnage commence à occulter un peu la cause qu'il défend, ça en devient lassant, donc contreproductif. Et surtout, même les opinions favorables, par leur redondance, finissent par alimenter la thèse de ceux qui crient à la starification préfabriquée.

Pour surnager dans le naufrage, on va avoir besoin de collectif, pas d'icônes. Même avec des prénoms d'étoiles. 

Alors tu peux te goinfrer de choco à l'huile de palme au petit déj si ça te botte, Greta !   



 






  

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