mardi 31 mai 2016

La nostalgie, Camarade


En 1990, le monde enseignant est entré en ébullition. J'étais enseignant.

C'est Yvan Ylieff qui était ministre de l'enseignement. Injustice notoire, Yvan Ylieff n'a droit qu'à trois lignes sur Wikipedia, ce qui a au moins le mérite de prouver que ce n'est pas lui qui les a écrites. Il vit encore. On ajoutera sûrement quelques lignes à sa mort.

En 1989, il y a eu une super réforme de l'Etat, la communautarisation de l'enseignement. Les socialistes en étaient. Ils étaient même des moteurs. Quelques mois après, ils se rendent compte qu'ils se sont faits entuber jusqu'à l'os. Dans des cas pareils, il faut trouver des martyrs. Martyr, c'est quand  ton ambition démesurée combinée à une analyse du monde plus limitée que tu ne le croyais fait dire à ton président de parti que tu es l'homme de la situation. Tu finis avec trois lignes sur Wikipedia alors que tu t'es farci presque six mois de grève.

Nous, enseignants, on n'a jamais été aussi beaux que durant ces mois-là. On faisait des piquets tournants, pour pouvoir faire grève sans perdre de sous, alors qu'on tordait dans tous les sens le droit de grève. On buvait le café tous les matins devant le faux piquet en se prenant pour des héros. Tous les bourges nous détestaient. Tous ces putains de riches qui s'imaginent que leur blé est dû à leur mérite, ce qui n'est vrai que dans 1 cas sur 10 et par beau temps, et nous, plutôt que de nous faire les maillons passifs d'un système au fond dégueulasse, on a pour une fois gueulé très fort avec les délaissés de la société qu'on opprime d'habitude.

Des amours sont nés sur ces piquets, ils furent intenses et éphémères.

En 1990, quand on me parlait de la grande grève de l'hiver de 60-61, je ne m'imaginais même pas que j'étais déjà vivant quand ça se passait.

Si Goblet est l'empereur de la connerie, ainsi que pas mal de ses valets et faux amis, beaucoup de ceux qui le suivent n'ont droit qu'à du respect. Un gouvernement humaniste ne leur enfoncerait pas la tête sous l'eau.

Mémoire et tolérance, cela va bien ensemble.

Et caramba, c'est encore Raoul qui cause dans le poste...










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